Qu’est-ce qu’un chien dangereux ?
Quand qualifie t-on un chien de dangereux ?
Et surtout, comment le devient-il ?
CE QUE DIT LA LOI FRANCAISE :
Un « chien dangereux » est un chien susceptible de représenter un danger, aussi bien pour les personnes que pour les animaux domestiques. Mais attention : si les chiens catégorisés sont par défaut considérés comme dangereux (article L211-11 du Code rural et de la pêche maritime), un chien dangereux n’est pas forcément un chien catégorisé ! Les chiens susceptibles d’être dangereux sont classés en 2 catégories en fonction de leurs caractéristiques morphologiques (article L211-12 du Code rural et de la pêche maritime).
Ne sont pas autorisées à détenir un chien de catégorie 1 ou 2 :
– les personnes mineures
– les personnes majeures sous tutelle (sauf si autorisation par le juge des tutelles)
– les personnes condamnées (crime ou peine d’emprisonnement pour délit inscrit au bulletin n°2)
– les personnes auxquelles on a retiré le droit de possession ou de garde d’un chien.
Aucune étude n’a prouvé qu’un chien de catégorie 1 ou 2 est plus dangereux qu’un autre non catégorisés (Dogue argentin LOF ou pas, ou Kangal LOF ou pas, par exemple). Ce n’est pas la loi qui fait d’un chien une arme, c’est l’homme.
Tout chien peut être dangereux. Un chien ne naît pas dangereux, il le devient. A la naissance, un chien est une page vierge que la vie va modeler (vieillesse, maladies, éducation, élevage). Un mauvais naisseur (éleveur ou particulier faisant naître des chiots dans de piètres conditions) ou un maître non adapté au chien sont créateurs de chiens dits dangereux.
Les agressions de vieillesse, maladies sont particulières et rares. Il appartient au maître de connaître et anticiper les moments de fatigue de son animal.
Comment percevoir qu’un chien est dangereux ?
Un chien dangereux, est un animal qui n’hésite pas à utiliser l’agression. Il sait qu’avec la pression (grognement, utilisation de sa stature) ou la morsure, il peut arriver à ses fins et obtenir gain de cause dans telle ou telle situation. Et cela, il le comprend dès son arrivée au sein du foyer.
Un chien qui a une forte prédation (instinct de poursuite du mouvement) peut également être considéré comme dangereux.
L’agression chez le chien possède trois phases : La menace, la morsure et l’apaisement. Un chien qui a recours à la menace pour accéder à une ressource ou se soustraire à un moment d’inconfort pour lui, est déjà un des signes de dangerosité.
Les chiens dangereux, outre ceux catégorisés juridiquement, sont des animaux qui sont déjà passés à l’acte d’agression (menaces ou morsures). On les retrouve souvent en refuge par la faute de maîtres ayant eu la croyance qu’un chiot est une peluche, un doudou.
Certains chiots ont des caractères forts et s’ils sont éduqués comme des doudous, sans cadre sécurisant, ils imposent leurs règles en grandissant. Et ce sont alors des règles de meutes d’animal sauvage où l’instinct refait surface, c’est le plus fort qui commande. Si c’est un Pinscher qui n’autorise pas les visites d’autres personnes à la maison, c’est encore gérable (quoi que !) mais si c’est un Labrador ou un Kangal, cela peut être extrêmement dangereux, voir mortel !
Les chiens dangereux sont bien trop souvent le résultat de maîtres laxistes.
Le chien à qui on ne dit pas « Non », deviendra le roi en son domaine, il se sentira fort et sûr de lui. Sur un chien sans forte personnalité, cela n’aura pas forcément d’incidence, mais si le chien présente une personnalité au caractère bien trempé (têtu), il prendra l’ascendant sur ses maîtres et il y aura forcément un accident.
Un chiot à fort caractère qui lorsqu’il était petit a fait peur à ses maîtres par ses mordillements, comprendra rapidement que c’est un moyen de pression et le mordillement deviendra une morsure. Les morsures seront donc sa réponse à tout : ne pas porter de laisse, ne pas se laisser manipuler, ou au contraire qu’on n’arrête pas de le caresser. Il saura faire comprendre qu’on n’approche pas sa gamelle, etc…
Exemple : Aslan, Kangal de 4 mois a mordu le nez de l’un des jeunes enfants de la famille pour obtenir un morceau de pizza. L’ensemble de la famille a pris peur, si bien que le chien s’est retrouvé cantonné au jardin où son caractère de gardien s’est développé. Il a rapidement compris qu’à coups de crocs, il obtenait ce qu’il voulait et l’accident de trop est survenu un matin. L’aîné des enfants a voulu le faire rentrer dans le garage avec un biscuit. Le biscuit n’est pas arrivé assez vite et Aslan a donc transpercé le bras de son jeune maître pour qu’il se dépêche de lui donner le biscuit. Ce n’était pas sa première morsure, mais ce fut celle de trop pour la famille.
LE CHIOT NE DE MAUVAIS NAISSEUR (cf Article) :
Un chien mal sevré, qui a perdu sa mère tôt n’aura pas appris à inhiber sa morsure. Il n’aura pas appris à faire doucement, à prendre la mesure de la force de ses dents. Il n’aura pas appris à communiquer son mal-être ou son envie d’être tranquille. Ce sont des chiens qui ont des morsures violentes et sans forcément de signes précurseurs.
Les naisseurs sont les premiers responsables. Soit par leurs conditions d’élevage, soit par le choix du chiot pour telle ou telle famille. Des prédispositions de caractère existent, mais elles ne font pas tout. Il y a toujours dans une portée le petit « loup » et le doux « agneau ».
Exemple : Simba, Rottweiller, fut séparé de sa mère à l’âge d’un mois et mis en vente. Le chiot, mal sevré, n’apprit pas à inhiber sa morsure, à accepter la frustration et fut mal guidé dès son plus jeune âge par des adoptants ne sachant pas. Les adoptants ont essayé l’école du chiot en club canin, mais très vite le chiot fut mis de côté, ne sachant pas s’arrêter dans le jeu, se comporter avec ses congénères et devenant de moins en moins manipulable par les hommes.
Ce chien est arrivé en rééducation fort de toutes ses victoires. Il a appris que sa mâchoire pouvait lui donner tout ce qu’il voulait. Il a appris que ses grognements, sa stature pouvaient tout lui obtenir et n’a jamais appris chiot comme adulte, qu’il y a des règles et des limites.
Ce chiot dans une famille possédant les bases de l’éducation ne serait sûrement pas devenu ce qu’il est devenu. Il aurait du apprendre que sa gueule ne doit pas être utilisée à mauvais escient. Il aurait été mis au contact de chiens adultes dès son plus jeune âge plutôt qu’avec des chiots et aurait donc apprit rapidement à communiquer.
UN CHIEN CRAINTIF PEUT DEVENIR DANGEREUX
Dans une portée de chiots, il y a toujours plusieurs profils : le craintif, l’indépendant, le fort, etc… Ces traits de caractère, en fonction de l’éducation du maître peuvent donner des chiens équilibrés, mais peuvent également donner naissance à des chiens aux comportements inadaptés et à des chiens dits dangereux.
Un chien craintif pourra mordre pour éloigner de lui l’objet de sa crainte. Il aura au préalable, menacer l’objet de sa crainte, et si cela ne suffit pas il mordra.
Un chien craintif doit avoir un maître qui lui apprend à affronter le monde sans crainte. Le maître est le référent, le protecteur : « Tu as peur, tu restes près de moi, je tuerais les dragons (sac poubelle volant dans une ruelle) pour nous protéger. Tu n’as pas à t’en préoccuper. »
UN CHIEN MALTRAITE PEUT DEVENIR DANGEREUX
La maltraitance rend aussi un chien dangereux. Certains chiens pour lutter pour leur vie finiront par mordre. Violenter un chien, rabaisser-le plus bas que terre et un jour certains finiront par se défendre et attaquer celui qui les maltraite et ce ne sera qu’un juste retour.
Exemple : Néo, chien roumain, 8 ans lors de notre première rencontre. Néo a été battu par l’humain jusqu’à ses 7 ans. Pour survivre, un jour, il s’est défendu parce que faire sur lui, pleurer, se coucher n’a jamais empêché l’homme de lui faire du mal. Et lorsqu’il a commencé à se défendre, il a alors décidé que plus jamais il ne se laisserait toucher. Il aura fallu 6 mois d’effort bilatérale pour qu’il comprenne que je ne lui voulais pas de mal et que jamais je ne lui ferais du mal.
La confiance se regagne pour ceux qui ont trop enduré. Il n’est pas impossible de rééduquer les chiens craintifs ou maltraités.
Rééduquer, replacer un chien de 80 kg qui sait qu’il peut tuer un homme d’un coup de dent après l’avoir fait tomber d’un coup de patte ?
C’est là qu’est tout l’essence du chien dangereux, l’avoir laissé devenir adulte en lui montrant qu’il est fort et qu’il a de l’ascendant sur vous.
Les plus dangereux sont ceux qui n’ont aucune raison de cesser leurs mauvais comportements et ils resteront à vie des chiens dangereux que l’homme n’aura pas su domestiquer, éduquer, comprendre…..
Le rôle de la rééducation sera de leur apprendre à tolérer ce qui les irrite. Un chien qui mord parce qu’il n’a pas envie que vous vous approchiez quand il mange, peut apprendre à vous tolérer, mais vous ne mettrez jamais la main dans sa gamelle.
Ils n’oublieront jamais qu’ils ont un moyen de pression contre vous.
Ils resteront à vie des chiens techniques à ne pas mettre entre toutes les mains.
Ce type de chien devra être rééduqué par un(e) professionnel(le) aguerri et pas n’importe comment. Il est important de lire parfaitement le chien pour comprendre quand apparaît « l’enfant tyrannique » et comment calmer la crise sans rentrer en conflit. Un chien qui ne veut pas mettre sa muselière et aboie, doit-on le laisser faire sa crise et céder ? Non, mais la façon de ne pas céder devra s’inscrire dans la patience, car la rééducation au « Non » peut-être de très longue durée.
La finesse de l’éducateur canin ou le maître, est dans sa capacité à ne rien lâcher, à être plus têtu que l’animal. Une main de fer dans un gant de velours est nécessaire dans la prise en main avec ce type de chien.
Souvent, les problématiques rencontrées chez les chiens dangereux sont récupérables. Il existe une infime partie des chiens dangereux qui le resteront et faute de maîtres patients et cohérents, sont souvent condamnés à l’euthanasie.
Des chiens comme Simba, Aslan, Neo sont dangereux par la faute de l’humain et c’est à nous humains de les aider à recréer du lien avec l’humain. De faire notre possible pour réparer, mettre en place un mode de communication approprié et satisfaisant pour bien vivre ensemble, avec confiance.
Si vous adoptez ce type de chien avec suspicion de dangerosité, vous devrez vous armer de patience, ne jamais rien lâcher, dire non fermement sans brutalité. Ce sont des chiens qui peuvent vous demander beaucoup de votre temps, de votre disponibilité, mais comme tous les chiens, ils vous apporteront beaucoup d’amour en retour.
Les maîtres de chiens dits dangereux ont le devoir de cadrer leur chien, d’anticiper pour que le danger soit évité (port de la muselière, longe, rééducations auprès de professionnel(le).
Vous avez un doute quant à votre animal ? Il est difficile de lister tous les signes qui doivent vous alerter sur le niveau de dangerosité de votre chien. Comment expliquer la différence entre pincer et mordre puisque cela relève d’un mode de communication animal dont l’éducateur est familier.
N’attendez pas ! Avant qu’il ne soit beaucoup trop tard et que vous soyez obligé de faire euthanasier ou de placer en refuge votre animal. Parlez-en à un professionnel de l’éducation canine.
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